Six abbés dont quelques fortes personnalités
se sont succédés à l’abbaye de Vertheuil de l’an 1600 à la Révolution, et d’innombrables chanoines ont évolué entre ces murs.
On parle peu de ces hommes, presque anonymes, occultés par le prestige du monument. Or, l’examen de leur rôle social, de leurs actes et de leurs parcours de vie renouvelle l’approche des lieux, restituant à la présence de ces religieux en Médoc toute sa dimension. Au gré des conflits qui les opposent à certains des abbés,
aux seigneurs locaux ou à d’autres eccclésiastiques, ce sont aussi les rouages complexes
de l’établissement qui transparaissent.
Marquée au 17e siècle par l’introduction de la réforme de Chancelade, l’abbaye appartient désormais à un réseau fortement structuré,
tout en affermissant le pouvoir spirituel et économique qu’elle a hérité du Moyen-Age. Loin de l’image convenue d’un paisible monastère
exclusivement voué à la prière, la découverte approfondie de cette communauté augustinienne projette l’image d’un organisme actif, ne reniant pas le fait de capter sa part de richesses terrestres, pleinement inscrit dans l’agitation de son siècle et des passions humaines.