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Un Landescot voltairien, champion de l’Indépendance américaine
Parmi les multiples personnages qui demeurent ignorés dans leur pays natal, se trouve Valentin Jautard (1736-1787), mort à Montréal à l’âge de 50 ans, dont le rôle et les engagements politiques et intellectuels en Amérique du Nord entre 1775 et 1779 sont à présent reconnus et abondamment documentés. Le projet d’encyclopédie libre et collective Wikipédia lui a même réservé une courte notice qui ne fait qu’évoquer sa naissance à Bordeaux, sans développer aucun de ses antécédents. Là-bas, près des glaces du Saint-Laurent, il a laissé son nom à une place de la capitale du Québec, et les universitaires canadiens, toujours à la pointe de la recherche historique, lui consacrent des études depuis plus de 25 ans. Modeste apport aux travaux menés au sein des facultés de Montréal, de Toronto, ou de l’université Laval dont nous offrons ici une synthèse, cet article donnera également un bref aperçu de ce qu’est susceptible d’amener l’association à la connaissance des familles bourgeoises castelnaudaises : aspect qui forme l’un des axes du programme Patrimoine de Castelnau initié en cette année 2015.
Contribution au centenaire de la Grande Guerre, ce document, d'origine privée, n'est qu'une pièce parmi tant d'autres qui dorment dans les malles, les greniers ou les armoires. Si vous disposez de tels documents, merci de la signaler à l'association afin de les valoriser et de contribuer à ce devoir de mémoire.
Parmi les enfants de Lacanau tués au combat pendant le premier conflit mondial, on peut retenir le nom d’Armand Prévôt, porté disparu le 3 septembre 1916 lors du combat du bois de Vaux-Chapitre, dans la Meuse. Nous présentons ici la lettre qu’il écrivit à sa femme, au crayon, le samedi 10 juin de la même année.
Armand appartient à cette génération de transition née dans le dernier tiers du XIXe siècle, où les prénoms portés « en famille » se superposent au nom de baptême : à l’état-civil, il s’appelle Pierre, et son père, surnommé Alexandre, Jean. Alexandre Prévôt (1852-1922) fut d’abord tonnelier, employé à l’usine de produits résineux de la famille Tessier, avant de devenir régisseur du domaine de Lacanau. Son frère Edouard est devenu boucher à Saint-Emilion.
Armand, né le 21 février 1883, sera fils unique, car une jeune sœur nommée Louise meurt à la naissance. Les Prévôt sont originaires de Saint-Pardoux-du-Breuil aux portes de Marmande, mais par sa mère, Marie Berron, et sa grand-mère paternelle, Marguerite Gravey, il descend de plusieurs vieilles familles canaulaises.
Comme son père, Armand est employé à la tonnellerie. Au mois d’avril 1908, il épouse Fernande Grassian, âgée de 19 ans, fille d’un employé aux chemins de fer économiques. En 1911, ils ont une fille, Catherine, que l’on nomme Louise, comme la sœur qu’il a perdue.
Armand est mobilisé en août 1914, mais à 31 ans, il n’appartient déjà plus aux régiments d’active.
Par bonheur, le courrier circule bien aux armées : la lettre écrite le 1er juin parvient à Fernande à Lacanau le matin du 6. Elle se félicite également de l’arrivée rapide des colis qu’elle confectionne, contenant sucre ou alcool, mais aussi un lapin, un poulet, à partager avec les camarades : « Je mange très bien, lui avait confié Armand. Malheureusement, nos plats ne changent pas souvent ». Fernande se soucie également du code qu’ils ont mis au point afin qu’elle demeure informée de ses changements d’affectation (les mouvements de troupes devant demeurer secrets), et signe toujours : « Tes deux aimées qui ne t’oublient jamais ».
Dans la tranchée, au quotidien, Armand témoigne d’un grand désœuvrement. Son régiment, le 344e RI, est stationné depuis des semaines au même endroit : « Je me demande si cela va continuer longtemps, car nous n’avons pas l’habitude de rester si longtemps sans rien faire ». Quelques confidences prudentes sur l’ambiance qui règne aux armées, la mitraille, le vacarme surtout, émaillent également cette correspondance : « Nous avons assisté à un bombardement terrible de la part de nos canons. J’en ai la tête encore lourde, c’est à ne pas y croire ».
Fernande lui écrivait, le 5 juin 1916 : « Il faut toujours espérer, car tous ne peuvent rester à Verdun ». Hélas, 3 mois plus tard, Armand est au nombre des victimes.
Ce dimanche 3 septembre 1916, l’offensive allemande sur les tranchées des pentes de Vaux-Chapitre, au nord-est du fort de Souville (qui appartient à la première ceinture de Verdun), est meurtrière. Le 344e RI est attaqué à la Haie-Renard : du côté français, le combat fait plus de 170 morts et disparus. Comme l’écrit placidement l’officier commis à la rédaction du journal des marches et opérations, deux bataillons sont appelés en renfort « pour boucher le trou fait dans nos lignes par l’attaque allemande » (SHD, 26 N 756/15). Ce sont des journées de grande confusion. Dans l’état journalier des pertes, les noms des disparus s’accumulent à la date du 5 septembre, avec pour date probable de décès la mention globale : « du 3 au 5 » : parmi eux, le soldat Prévôt.
Fernande ne s’est jamais remariée : veuve à 28 ans, elle survécut à Armand jusqu’en 1977. Leur fille Louise est décédée en 1998. Mais le disparu de Vaux-Chapitre laissait également un filleul : Roger Grassian, le neveu de Fernande, né en 1910, qui deviendra maire de Lacanau en 1959.
Pour aller plus loin : voir le site américain Critical Past (www.criticalpast.com), qui offre une banque d’images tournées pendant la 1ère Guerre : on y trouve plusieurs témoignages filmographiques ou photographiques intitulés « Dans la gangue de boue : Vaux Chapitre - le Bois Fumin ».
Le moulin du bourg de Lacanau, dit moulin du Domaine, occupait la butte située à l’arrière de l’actuelle caserne de gendarmerie, à l’entrée de la rue de Cantelaude. Il est attesté à cet emplacement dès le XVIIe siècle. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, époque du développement tardif du quartier de Cantalaoude, il faut l’imaginer comme particulièrement isolé et littéralement hors du bourg, dont le centre gravite autour de la maison seigneuriale et de l’ancienne église (secteur de la gare, actuellement maison de retraite du Bois de Sémignan). Il a été détruit au XXe siècle, bien après avoir cessé son activité.
En 1655, il est entièrement ruiné et découvert, au point de ne plus moudre, ce qui entraîne d’importants travaux. Cent ans plus tard, à la mort de Jean-Baptiste de Caupos, baron de Lacanau (1756), on lui confère dans la succession une valeur de 2000 livres. Propriété des seigneurs, puisqu’il appartient au domaine, c’est-à-dire à la portion de la terre de Lacanau non inféodée, le moulin est jusqu’à la Révolution un outil de puissance économique. Les habitants du bourg, de Talaris et de Mistre ont l’obligation d’y faire moudre leur grain et nulle part ailleurs sous peine d’une lourde amende, tout en s’acquittant d’une redevance, le droit de mouture.
La rue du Moulin n’a pris ce nom que très récemment, et n’a longuement été qu’un chemin privé, desservant une unique maison, celle des Dufourg, régisseurs des anciens seigneurs.
C’est en réalité la rue Saint-Vincent qui portait, jusqu’à la 1ère Guerre Mondiale, le nom de « chemin du moulin ».
Il faut se rendre dans le cimetière de la commune de Gaillan-en-Médoc, à 3 km à l’ouest de Lesparre, pour découvrir au détour d’une allée la stèle de cette tombe.
Au détour d’une allée vous trouverez une stèle sur laquelle est inscrite :
Ici repose
Arnaud AUZON
curé de LACANAU
Décédé le 26 août 1897
A l’âge de 49 ans
P.P.L.
La partie supérieure représente une étole à franges bordée d’un galon, dont chaque bande est brodée d’une croix et que permettent de nouer une petite cordelière et ses deux pompons. Cet ornement sacerdotal en fait l’une des tombes d’ecclésiastiques les plus remarquables du Médoc.
Bien que Lacanau soit doté depuis 1863 d’un nouveau cimetière dont près d’un quart reste alors inoccupé, ce prêtre, qui mourut 4 ans avant l’arrivée du célèbre André Luguet, ne fut pas enterré parmi ses fidèles. Que sait-on donc de lui ?
Arnaud Auzon a succédé le 26 décembre 1893 à François Fonce, précédent curé de Lacanau : une paroisse qui traverse en ces débuts de la IIIe République une période agitée, dont les principaux épisodes sont relatées par "Gravé dans la Mémoire". Son dossier individuel nous apprend qu’il a d’abord enseigné au collège de Bazas, avant de revenir à des fonctions séculières. Il a desservi entre autres la cure de Doulezon, dans l’Entre-deux-mers, puis celle de Saumos. Sa nomination à Lacanau tient sans doute à une certaine affabilité, car depuis quelques années, le conseil municipal, largement échaudé, ne redoute rien tant qu’un prêtre trop occupé de politique.
Le recensement quinquennal de l’année 1896 nous montre Auzon occupant l’ancien presbytère avec sa mère, alors âgée de 81 ans. Il mourra de maladie l’année suivante, assez soudainement puisqu’un contemporain évoque sa disparition « imprévue ».
Si Auzon fut conduit à Gaillan pour y être inhumé, c’est qu’il en était natif, puisqu’il est venu au monde au village de Blanc le 13 avril 1847, fils d’un forgeron, Jean Auzon, et de Jeanne Panicaud, mariés en 1836. Sa famille paternelle était originaire de Sarrecave, au nord de Saint-Gaudens.
Mais cela ne l’empêcha pas de léguer sa bibliothèque à la fabrique de Lacanau : ces ouvrages, que sont-ils devenus ? Peut-être quelqu’un conserve-t-il quelque part un livre avec un ex-libris à son nom… sans savoir de qui il s’agit !
La sépulture porte la mention « Concession perpétuelle », mais chacun sait ce qu’il en est lorsque le décès remonte au XIXe siècle. Il serait sage de songer dès à présent à la préserver, ne serait-ce que pour la rareté de la sculpture.
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